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Another me : un flou artistique

Publié le 20 Décembre 2014 par Claire Lebreton in another me, Catherine McPhail, Isabel Coixet, Sophie Turner, Jonathan Rhys-Meyers, thriller, critique, critique de film, film, scénario

Another me : un flou artistique

Another me est un thriller qui présente un type de situation où il faut ignorer ce qui se passe pour que ça cesse. Lorsque cette pensée obsède chaque minute de la journée, le danger apparaît.

Un film à rendre paranoïaque ! L’adaptation du roman de Catherine McPhail a été écrite et produite par l’espagnole Isabel Coixet. Son précédent long métrage, Map of the sounds of Tokyo avait été sélectionné en compétition au festival de Cannes en 2009. Elle présente aujourd’hui un thriller inquiétant et efficace qui brille grâce à la performance de Sophie Turner. La rousse très reconnaissable est connue pour son rôle de Sansa Stark dans la série à succès Game of thrones. Son personnage est celui d’une jeune lycéenne, Fay. Elle a l’impression que quelqu’un essaie de se faire passer pour elle et veut lui voler sa vie. Ses camarades pensent qu’elle est folle ou veut se faire remarquer.

Ce personnage principal est fascinant, a de multiples facettes et est remarquablement amené à la vie par le jeu mature ; à la fois intense et empli de finesse de Sophie Turner. Un vrai mystère est créé autour d’elle. Il passe à la fois par le scénario et l’atmosphère qui règne. L’ambiance est angoissante sans qu’Another me soit un film d’horreur.

La narration à la deuxième personne sort de l’ordinaire. On peut penser au début qu’elle est due à un dédoublement de la personnalité, surtout quand la voix passe du « toi » au « moi » pour parler de la même personne, Fay. Le film pose un grand nombre de questions sans réponses dès le début puis laisse planer le doute. Another me joue sur les possibilités. Soit l’explication fantastique avec un double surnaturel soit plus terre à terre avec un cas de trouble de la personnalité multiple ou une simple jumelle.

Une réalisation efficiente

Les images tournées jouent sur les contrastes : soit violentes soit paisibles. La beauté visuelle et le cadrage poétique fait penser à de la photographie d’art. Cette attention au détail et cette manière de réaliser fait un parallèle avec les photos que Fay prend pour afficher sur ses murs. Ces moyens aident l’émotion à passer de l’écran au spectateur. Le personnage de Sophie Turner est celui qui en exprime le plus, que ce soit de la tristesse, de la peur ou du dédain. Les émotions sont l’un des seuls aspects du film qui ne reste pas dans l’ombre, qui est exposé clairement.

Malgré un scénario qui mise sur les incertitudes, on retrouve des éléments familiers comme les amies et ennemies d’école, le petit-ami potentiel et la situation de famille compliquée. Certaines des pistes que le scénario emprunte n’ont cependant que peu de crédibilité. La tentative de présenter l’ennemie jalouse qui veut être comme Fay et lui voler sa vie comme la coupable est trop évident, par exemple.

Pour ce qui est des éléments annexes, l’histoire de famille contribue à l’atmosphère sombre qui laisse le spectateur dans le flou. Fay en veut à sa mère et la raison n’est dévoilée qu’après un temps : un mystère de plus qui entoure la jolie rousse. On apprend par la suite que c’est à cause de son aventure avec Jonathan Rhys-Meyers, vu précédemment dans la série les Tudors et plus récemment Dracula. Malgré cet écart de conduite, la mère de Fay reste et s’occupe quand même très bien de son mari malade. Elle a une vie dure, elle a le droit de prendre des instants de joie là où elle les trouve mais Fay ne sait pas faire la part des choses.

Malgré tous les détails qui servent à créer une vie crédible et des personnages qui ne soient pas unidimentionnels, le scénario ne dévie pas trop et reste concentré sur le mystère. C’est la force d’Another me, un thriller pur qui fait douter le spectateur autant que le personnage.

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